domingo, 1 de marzo de 2015

TROIS MONDES, UNE PLANÈTE: Sauvy, Alfred

Tercer mundo

Un uso temprano de este sistema de división de la Humanidad en «mundos» aparece en el discurso racial del periodo clásico del imperialismo europeo. John Hobson, en su libro Los orígenes orientales de la civilización de occidente (2004)2 explica cómo, a partir del pensamiento de intelectuales como Robert Knox, Benjamin Kidd y Comte, la cultura europea dividió a la Humanidad en tres mundos que correspondían a tres razas: el primer mundo europeo de la raza blanca, el segundo mundo bárbaro de la raza amarilla y el Tercer Mundo salvaje de la raza negra.

Más tarde el economista francés Alfred Sauvy utilizó el término «Tercer Mundo» (en el original «tiers monde») en un artículo titulado «Tres mundos, un planeta» publicado en la revista francesa L'Observateur el 14 de agosto de 1952. Asimilándolo al tercer Estado de la Revolución Francesa Sauvy llamó la atención sobre la existencia de un Tercer Mundo, «el más importante», de los países subdesarrollados, explotados y olvidados, al que el primer mundo capitalista y el segundo mundo comunista no prestaban atención. Hay que aclarar que, en francés, tiers monde significa Tercer Mundo en el sentido de tercero en una clasificación y no tercero a la hora de contar del uno al tres (troisième y tiers son sinónimos).

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          TROIS MONDES, UNE PLANÈTE
      
      Alfred Sauvy
L'Observateur, 14 août 1952, n°118, page 14.      
     
Nous parlons volontiers des deux mondes en présence, de leur guerre possible, de leur coexistence, etc., oubliant trop souvent qu’il en existe un troisième, le plus important, et en somme, le premier dans la chronologie. C’est l’ensemble de ceux que l’on appelle, en style Nations Unies, les pays sous-développés.

Nous pouvons voir les choses autrement, en nous plaçant du point de vue du gros de la troupe : pour lui, deux avant-gardes se sont détachées de quelques siècles en avant, l'occidentale et l'orientale. Faut-il suivre l'une d'elles ou essayer une autre voie ?

Sans ce troisième ou ce premier monde, la coexistence des deux autres ne poserait pas de grand problème. Berlin ? Allemagne ? Il y a longtemps qu'aurait été mis en vigueur le système d'occupation invisible, qui laisserait les Allemands libres et que seuls les militaires épris de vie civile, peuvent condamner. Les Soviétiques ne redoutent rien tant que voir l’Europe occidentale tourner au communisme. Le plus fervent stalinien d’ici est considéré là-bas comme contaminé par l’Occident. Parlez plutôt d’un bon Chinois, d’un Indien ayant fait ses classes à Moscou et ne connaissant la bourgeoisie que par la vision correcte et pure qui est donnée là-bas. Mais les Anglais, les Suédois, les Français, autant d’indésirables recrues.

Ce qui importe à chacun des deux mondes, c’est de conquérir le troisième ou du moins de l’avoir de son côté. Et de là viennent tous les troubles de la coexistence.

Le capitalisme d’Occident et le communisme oriental prennent appui l’un sur l’autre. Si l’un d’eux disparaissait, l’autre subirait une crise sans précédent. La coexistence des deux devraient être une marche vers quelque régime commun aussi lointain que discret. Il suffirait à chacun de nier constamment ce rapprochement futur et de laisser aller le temps et la technique. D’autres problèmes surgiraient qui occuperaient suffisamment de place. Lesquels ? Gardons-nous de poser la question.

Transportez-vous un peu dans l’histoire : au cœur des guerres de religion, émettez négligemment l’opinion que, peut-être un jour, catholiques et protestants auront d’autres soucis que l’Immaculée Conception. Vous serez curieusement considéré et sans doute brûlé à un titre ou l’autre, peut-être comme fou.

Malheureusement, la lutte pour la possession du troisième monde ne permet pas aux deux autres de cheminer en chantant, chacun dans sa vallée, la meilleure bien entendu, la seule, la «vraie». Car la guerre froide a de curieuses conséquences : là-bas, c’est une cour morbide de l’espionnage, qui pousse à l’isolement le plus farouche. Chez nous, c’est l’arrêt de l’évolution sociale. A quoi bon se gêner et se priver, du moment que la peur du communisme retient sur la pente ceux qui voudraient aller de l’avant ? Pourquoi considérer quoi que ce soit, puisque la majorité progressiste est coupée en deux ? Jamais période ne fut plus favorable à la législation de classe, nous le voyons bien. Absolvons-nous donc de nos vols, par l’amnistie fiscale, amputons sans crainte les investissements vitaux, les constructions d’écoles et de logements pour doter largement le fonds routier, de façon que se fassent plus aisément les retours du dimanche soir dans les beaux quartiers. Renforçons les privilèges betteraviers et alcooliers les moins défendables. Pourquoi se tourmenter, puisqu’il n’y a pas d’opposition ?

Ainsi l’évolution vers le régime lointain et inconnu a été stoppée dans les deux camps, et cet arrêt n’a pas pour seule cause les dépenses de guerre. Il s’agit de prendre appui sur l’adversaire pour se fixer solidement. Ce sont les durs qui l’emportent dans chaque camp, du moins pour le moment. Il leur suffit de qualifier les autres de traîtres ; bataille facile et classique. Et ainsi ils s’unissent pour une cause en somme commune : la guerre.

Et cependant, il y a un élément qui ne s’arrête pas, c’est le temps. Son action lente permet de prévoir que l’ampleur des ruptures sera, comme toujours, en rapport avec l’artifice des stagnations. Comment s’exerce cette lente action ? De plusieurs façons, mais d’une en particulier, plus implacable que toutes :
Les pays sous-développés, le 3è monde, sont entrés dans une phase nouvelle : certaines techniques médicales s’introduisent assez vite pour une raison majeure : elles coûtent peu. Toute une région de l’Algérie a été traitée au D.D.T. contre la malaria : coût 68 francs par personne. Ailleurs à Ceylan, dans l’Inde etc., des résultats analogues sont enregistrés. Pour quelques cents la vie d’un homme est prolongée de plusieurs années. De ce fait, ces pays ont notre mortalité de 1914 et notre natalité du XVIIIè siècle. Certes, une amélioration économique en résulte : moins de mortalité de jeunes, meilleure productivité des adultes, etc. Néanmoins, on conçoit bien que cet accroissement démographique devrait être accompagné d’importants investissements pour adapter le contenant au contenu. Or ces investissements vitaux coûtent, eux, beaucoup plus de 68 francs par personne. Ils se heurtent alors au mur financier de la guerre froide. Le résultat est éloquent : le cycle millénaire de la vie et de la mort est ouvert, mais c’est un cycle de misère. N‘entendez-vous pas sur la Côte d’Azur, les cris qui nous parviennent de l’autre bout de la Méditerranée, d’Egypte ou de Tunisie ? Pensez-vous qu’il ne s’agit que de révolutions de palais ou de grondements de quelques ambitieux, en quête de place ? Non, non, la pression augmente constamment dans la chaudière humaine.

À ces souffrances d'aujourd'hui, à ces catastrophes de demain, il existe un remède souverain ; vous le connaissez, il s'écoule lentement ici dans les obligations du pacte atlantique, là-bas dans des constructions fébriles d'armes qui seront démodées dans trois ans.

Il y a dans cette aventure une fatalité mathématique qu'un immense cerveau pourrait se piquer de concevoir. La préparation de la guerre étant le souci n°1, les soucis secondaires comme la faim du monde ne doivent retenir l'attention que dans la limite juste suffisante pour éviter l'explosion ou plus exactement pour éviter un trouble susceptible de compromettre l'objectif n°1. Mais quand on songe aux énormes erreurs qu'ont tant de fois commises, en matière de patience humaine, les conservateurs de tout temps, on peut ne nourrir qu'une médiocre confiance dans l'aptitude des américains à jouer avec le feu populaire. Néophytes de la domination, mystiques de la libre entreprise au point de la concevoir comme une fin, ils n'ont pas nettement perçu encore que le pays sous-développé de type féodal pouvait passer beaucoup plus facilement au régime communiste qu'au capitalisme démocratique. Que l'on se console, si l'on veut, en y voyant la preuve d'une avance plus grande du capitalisme, mais le fait n'est pas niable. Et peut-être, à sa vive lueur, le monde n°1, pourrait-il, même en dehors de toute solidarité humaine, ne pas rester insensible à une poussée lente et irrésistible, humble et féroce, vers la vie. Car enfin ce Tiers Monde ignoré, exploité, méprisé comme le Tiers Etat, veut, lui aussi, être quelque chose.

Note sur l’origine de l'expression «Tiers Monde» par Alfred Sauvy :

En 1951, j'ai, dans une revue brésilienne, parlé de trois mondes, sans employer toutefois l'expression «Tiers Monde».
Cette expression, je l'ai créée et employée pour la première fois par écrit dans l'hebdomadaire français «l'Observateur» du 14 août 1952. L'article se terminait ainsi : «car enfin, ce Tiers Monde ignoré, exploité, méprisé comme le Tiers Etat, veut lui aussi, être quelque chose». Je transposais ainsi la fameuse phrase de Sieyes sur le Tiers Etat pendant la Révolution française. Je n'ai pas ajouté (mais j'ai parfois dit, en boutade) que l'on pourrait assimiler le monde capitaliste à la noblesse et le monde communiste au clergé.

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