Du découpage de l’Empire ottoman aux projets des djihadistes
Agnès Stienne, juillet 2014
Dossier Etats fantômes au Proche-Orient
Les accords Sykes-Picot, conclus en 1916 entre la France et la
Grande-Bretagne, n’ont pas défini les frontières du Proche-Orient, mais
tracé des zones d’influence. Celles-ci ont d’ailleurs évolué de manière
sensible après la première guerre mondiale, lors des négociations qui
ont donné naissance aux Etats tels qu’on les a connus au XXe
siècle. (...)
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Ce qu’annonce l’éclatement irakien
Peter Harling AperçuL’offensive de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) n’a surpris que ceux qui se désintéressaient de l’évolution du pays depuis le retrait des troupes américaines. L’incompétence du pouvoir central et sa (...) → -
Des frontières sans nations
Vicken Cheterian« L’Europe est-elle en train de préparer de nouveaux accords Sykes-Picot ? » Conséquence de l’effondrement du vieux système datant de la fin de la première guerre mondiale, les frontières du Proche-Orient se sont (...) → -
Dans Kirkouk, la Jérusalem kurde
Allan KavalLes premiers bénéficiaires du chaos irakien pourraient être les Kurdes : ils ont profité des combats pour s’emparer de Kirkouk, qu’ils considèrent comme leur capitale historique. Mais le rêve d’un Etat unifié est (...) → -
« Je veux Mossoul », dit Lloyd George
Henry Laurens AperçuEn 1916, en pleine guerre mondiale, Paris et Londres négocient le démembrement de l’Empire ottoman. Un premier schéma est entériné par les diplomates François Georges-Picot et Mark Sykes. Les frontières du (...) →
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Etats fantômes au Proche-Orient
Ce qu’annonce l’éclatement irakien
L’offensive de l’Etat
islamique en Irak et au Levant (EIIL) n’a surpris que ceux qui se
désintéressaient de l’évolution du pays depuis le retrait des troupes
américaines. L’incompétence du pouvoir central et sa politique favorable
aux chiites ont créé les conditions d’une insurrection sunnite.
La
récente montée en puissance d’une force djihadiste sunnite dans le
nord-ouest de l’Irak est spectaculaire, au sens propre du terme. Elle
relève du mauvais vaudeville : il y a dans le pays, pour ainsi dire, un
terroriste dans le placard. Lorsqu’il fait irruption sur la scène, le
premier ministre chiite Nouri Al-Maliki joue la surprise, crie à
l’assassin et appelle ses amis à la rescousse pour le chasser de la
maison. Pourtant, ce djihadiste, c’est lui-même qui lui a ouvert la
porte et qui l’a nourri. Ses amis, notamment iraniens, le savent, mais
trouvent un intérêt à se prêter au jeu. Car le terroriste est l’excuse
toute trouvée pour éclipser les errements de celui qui, après tout,
reste leur homme.
En juin 2014, donc, des djihadistes sunnites opérant sous le nom d’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL, également connu sous son acronyme arabe, Daash) s’emparent presque sans combattre de Mossoul, deuxième ou troisième ville du pays selon les chiffres auxquels on se réfère. D’autres localités, dans cette zone à dominante arabe sunnite, tombent rapidement, à mesure que l’appareil de sécurité se désintègre. L’Etat irakien abandonne ses équipements militaires, dont des véhicules fournis par les Etats-Unis, laisse derrière lui ses nombreux prisonniers — généralement détenus de façon arbitraire — et livre à l’adversaire des prises de choix : près d’un demi-milliard de dollars entreposés dans une succursale de la banque centrale, notamment. Des groupes armés moins radicaux se joignent au mouvement, s’attribuant une part vraisemblablement exagérée de ces victoires. Parmi les habitants qui ne fuient pas, certains célèbrent ce qu’ils appellent une « libération », un « soulèvement », ou même une « révolution ».
Les Kurdes ont sauté sur l’occasion pour s’emparer d’une autre ville majeure, Kirkouk, zone aussi riche en ressources pétrolières qu’en enjeux identitaires dont ils disputaient depuis plusieurs années le contrôle au gouvernement de Bagdad, sans parler d’autres minorités locales (lire (...)
En juin 2014, donc, des djihadistes sunnites opérant sous le nom d’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL, également connu sous son acronyme arabe, Daash) s’emparent presque sans combattre de Mossoul, deuxième ou troisième ville du pays selon les chiffres auxquels on se réfère. D’autres localités, dans cette zone à dominante arabe sunnite, tombent rapidement, à mesure que l’appareil de sécurité se désintègre. L’Etat irakien abandonne ses équipements militaires, dont des véhicules fournis par les Etats-Unis, laisse derrière lui ses nombreux prisonniers — généralement détenus de façon arbitraire — et livre à l’adversaire des prises de choix : près d’un demi-milliard de dollars entreposés dans une succursale de la banque centrale, notamment. Des groupes armés moins radicaux se joignent au mouvement, s’attribuant une part vraisemblablement exagérée de ces victoires. Parmi les habitants qui ne fuient pas, certains célèbrent ce qu’ils appellent une « libération », un « soulèvement », ou même une « révolution ».
Les Kurdes ont sauté sur l’occasion pour s’emparer d’une autre ville majeure, Kirkouk, zone aussi riche en ressources pétrolières qu’en enjeux identitaires dont ils disputaient depuis plusieurs années le contrôle au gouvernement de Bagdad, sans parler d’autres minorités locales (lire (...)
Taille de l’article complet : 2 826 mots.
Peter Harling
Conseiller spécial de l’International Crisis Group pour le Proche-Orient.
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Grande-Bretagne, n’ont pas défini les frontières du Proche-Orient, mais
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