Sarkozy met les Républicains en ordre de bataille pour 2017
Le Monde.fr
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Par Alexandre Lemarié et
Matthieu Goar
Nicolas Sarkozy a mis son nouveau parti, « Les Républicains », sur la
rampe de lancement de la reconquête de l'Elysée. Samedi 30 mai, lors
d'un congrès de refondation, l'ancien président de la République a
réussi son pari : offrir l’image d’un parti rassemblé autour de sa
personne. Au cœur de cette grand’messe sarkozyste marquée par des huées
contre les rivaux François Fillon et Alain Juppé, chaque personnalité a
eu le droit à son temps de parole à la tribune. Nicolas Sarkozy a conclu
par un discours de quarante minutes, où il a dépeint sa vision d'une « République de la confiance ». « La République n'est pas menacée par la force mais par la faiblesse, le renoncement, le reniement », a-t-il déclaré.
En cette journée de baptême, devant près de 10 000 militants acquis à
sa cause, Nicolas Sarkozy n'a pas apporté de grandes nouveautés à
l'argumentaire qu'il déroule depuis sa campagne pour la présidence de
l'UMP, à l'automne 2014. Décrire sa République idéale lui permet d'abord
de dresser le réquisitoire du quinquennat de François Hollande. Alors
que cette journée était consacrée à la célébration des valeurs de la
droite, Nicolas Sarkozy a passé la moitié de son discours à pilonner la
majorité socialiste. « La gauche ne défend pas la République, la gauche la caricature avec la théorie du genre, avec le pédagogisme, avec le “il est interdit d'interdire”, avec le nivellement, avec l'égalitarisme », a-t-il martelé, avant d’accuser son successeur de préférer « aller serrer la main de Fidel Castro au lieu d'aller rendre hommage au peuple russe ». Une référence à l'absence du président français aux cérémonies du 9 mai à Moscou.
La famille, l’autorité, le travail...
Mais le long développement de Nicolas Sarkozy sur la « République de la confiance »
lui permet surtout de rappeler les marqueurs de la droite, en ébauchant
le portrait d'une société fondée sur des valeurs comme la famille « première institution de la société », le travail qui ne doit « pas être moins payé que l'assistanat », l'autorité sans laquelle « il n'y a pas d'Etat de droit » ou encore l'école, qui « a toujours été fondée sur le mérite, sur l'effort et sur l'excellence ».
Evoquant « l’héritage de la civilisation chrétienne », il a rappelé à plusieurs reprises son attachement au concept d'assimilation. «
La République reste ouverte aux autres mais rappelle à celui qui vient
d'arriver que c'est à lui de s'adapter à notre mode de vie et pas à nous
d'en changer », a-t-il lancé sous les applaudissements et les « Nicolas, Nicolas ! »
habituels. L'ancien président n'a pas hésité à peindre un tableau
sombre de la situation de la France, décrivant un pays soumis à « une terrible crise de confiance » et pas si éloigné du « grand effondrement ».
Lire aussi :
Nicolas Sarkozy définit sa République
La petite musique de la primaire
Avant
l'intervention finale de Nicolas Sarkozy, ses rivaux à la primaire pour
la présidentielle de 2017 ont tous affirmé vouloir jouer collectif, tout
en faisant entendre leur propre musique. Chacun a mis un thème en
avant : la nation pour Alain Juppé, la liberté pour François Fillon, le
renouveau pour Bruno Le Maire et le travail pour Xavier Bertrand.
Avant
son discours, Alain Juppé a été massivement sifflé par les militants
sarkozystes présents lorsqu'il est monté à la tribune. De la même
manière qu'il avait été chahuté lors du conseil national de l'UMP, en
janvier. « Ça me fait de la peine, mais ça ne change pas ma détermination », a réagi le maire de Bordeaux, dont les partisans tentaient de couvrir les sifflets en applaudissant. Réaffirmant sa volonté d'« incarner une alternative heureuse pour la France », le principal rival de Nicolas Sarkozy a promis de « rassembler les Français autour d'un projet qui leur donne confiance ». Jugeant nécessaire de « montrer le cap », celui qui est donné vainqueur de la primaire dans certains sondages a beaucoup insisté sur le thème de la « nation », un terme qu'il a prononcé une dizaine de fois. Il a notamment appelé au « sentiment national » pour « donner au projet collectif du pays un supplément d'âme ». Selon lui, en 2017, « c'est une espérance qu'il faudra faire naître. Il faut donner un sens aux réformes », avec « deux conditions : rassembler et rassembler autour d'un projet ».
M. Juppé s'est posé comme le candidat de l'apaisement, afin de se
démarquer du profil plus clivant de l'ancien chef de l'Etat. « On ne fait rien de bon dans la division, ni dans la recherche méthodique du clivage », a-t-il souligné, rappelant que « le rôle d'un dirigeant n'est pas de susciter les conflits mais de les apaiser ».
« Pas un ripolinage du passé »
Avant
le maire de Bordeaux, François Fillon a lui aussi été copieusement
sifflé lorsqu'il est monté à la tribune. L’ex-premier ministre reste
perçu par une large part des militants comme un traître, deux jours
après le procès qui s'est tenu dans l’affaire Jouyet, où il est accusé
d'avoir incité l'Elysée à mettre des bâtons dans les roues de l’ancien
chef de l'Etat. Loin de se laisser démonter par cet accueil plutôt
frais, M. Fillon a tenu à marquer sa singularité, en prévenant : « Notre congrès ne peut pas être un ripolinage du passé mais un nouveau départ. » « Lorsqu’on prend la République comme étendard, il ne nous est pas permis de décevoir. »
Soulignant que le nouveau parti ne devait pas être « qu’une machine électorale » au service de M. Sarkozy et « une caserne où les adhérents viendraient chercher les ordres », M. Fillon a revendiqué son droit de présenter sa candidature à la primaire : « Chez
nous, Républicains, tous les débats sont ouverts, toutes les
compétitions possibles dès lors que le respect prévaut. Comment
pourrions-nous inviter les Français à aimer davantage la liberté, si
nous ne sommes pas le mouvement où chacun peut aller au bout de ses
mérites et de ses convictions ? » A la fin de son discours, la salle l'a finalement chaleureusement applaudi.
Autre
rival de M. Sarkozy, Bruno Le Maire s'est de nouveau présenté comme le
candidat incarnant une nouvelle génération à droite. « Faisons
tomber les murs de cette classe politique qui ne se renouvelle jamais.
Vous butez contre les mêmes visages ? Nous allons vous en offrir de
nouveaux. Vous butez contre les mêmes idées ? Nous allons en défendre de
nouvelles », a promis celui qui s'était présenté à la présidence de l'UMP comme « candidat du renouveau ».
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/politique/article/2015/05/30/sarkozy-met-les-republicains-en-ordre-de-bataille-pour-2017_4644145_823448.html#7vHSycOL0BHEOzs4.99
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