miércoles, 7 de octubre de 2015

Alain Finkielkraut: "La France se désintègre"



Alain Finkielkraut: "La France se désintègre"




Propos recueillis par Christian Makarian, publié le

Alain Finkielkraut.

Alain Finkielkraut.
MICHEL LABELLE POUR L'EXPRESS

Dans son dernier livre, La Seule Exactitude, Alain Finkielkraut trace à la machette un chemin de réflexion à travers les grands débats qui divisent le pays. A droite? Il s'en défend. Tout en expliquant pourquoi la gauche a perdu son hégémonie culturelle.

Dans votre livre, La Seule Exactitude (Stock), titre emprunté à Péguy, vous cherchez à dessiller les yeux de vos contemporains en écartant bon nombre de contrevérités. Notamment en ce qui concerne le thème récurrent de l'"islamophobie". Où est donc l'exactitude? 

Il y a une phrase de Paul Valéry que je médite sans cesse. "Quand un homme ou une assemblée, saisis de circonstances pressantes ou embarrassantes, se trouvent contraints d'agir, leur délibération considère bien moins l'état même des choses, en tant qu'il ne s'était jamais présenté jusque-là, qu'elle ne consulte des souvenirs imaginaires." Cette disposition spontanée de l'esprit est de nos jours aggravée par le traumatisme de la Seconde Guerre mondiale. Hitler nous hante et nous incite à nous souvenir d'abord, au lieu de répondre par l'invention à l'originalité de la situation présente.  

Alors même que l'antisémitisme est devenu un code culturel dans ce que l'on appelle, hélas à juste titre, "les territoires perdus de la République", des journalistes comme Edwy Plenel, des sociologues comme Luc Boltanski, des historiens comme Enzo Traverso ou Pierre Rosanvallon observent la présence de thèmes traditionalistes et xénophobes issus de la rhétorique de l'Action française ou du nationalisme barrésien. Et ils s'inquiètent de la réorientation contre les musulmans d'une hostilité qui était principalement dirigée contre les juifs et le judaïsme durant la première moitié du XXe siècle. 

On se réfère à la douloureuse histoire des juifs pour occulter purement et simplement la nouvelle judéophobie. L'antisémitisme européen s'affaiblit à mesure que l'antisémitisme islamiste se renforce. L'inexactitude dans laquelle nous sommes plongés devient intolérable; il faut de toute urgence rendre le présent présent à lui-même. 

La constatation de l'antisémitisme a-t-elle constitué le point de départ de votre réflexion? 
Non, mais ce qui est particulièrement scandaleux, c'est d'invoquer la mémoire de l'antisémitisme pour mieux nier sa forme contemporaine. Notre époque se conçoit autre qu'elle n'est, et cet anachronisme prend aussi de tout autres formes, qui ne sont pas moins inquiétantes. Sous le nom ridicule d'"incivilités", la violence augmente constamment, l'insécurité gagne; la culture ne cesse de perdre du terrain; l'école républicaine, qui fut notre fierté, s'effondre à coups de réformes toutes plus catastrophiques les unes que les autres.  

Bref, la France se désintègre. Elle faisait naguère encore envie, elle fait maintenant pitié. Elle était un modèle, elle devient un repoussoir: c'est pour ne pas connaître le destin de la France que les pays d'Europe centrale refusent obstinément d'accepter sur leur sol des quotas permanents de demandeurs d'asile. Ils le disent d'ailleurs explicitement. Ce constat est déprimant, mais plus déprimante encore est l'interdiction de le dresser. Si vous regardez les choses en face - c'est cela l'exactitude -, vous êtes aussitôt accusé de faire le jeu du Front national et l'automatisme antifasciste prend le pas sur l'analyse des faits. Voilà le danger que je dénonce. Nous devons impérativement mettre nos montres à l'heure. Il faut penser en d'autres termes. Car nous vivons un moment inédit de notre histoire. 



Après le 11 janvier, très vite, "on a constaté que tout le monde n'était pas Charlie. [...] Un clivage est apparu dans la société française", estime Alain Finkielkraut.

Après le 11 janvier, très vite, "on a constaté que tout le monde n'était pas Charlie. [...] Un clivage est apparu dans la société française", estime Alain Finkielkraut.
REUTERS/Eric Gaillard

D'où provient cet affaissement français? 
Raymond Aron a très justement écrit: "La vanité française consiste à se reprocher toutes les fautes, sauf la faute décisive, la paresse de pensée." Cette paresse a pour nom aujourd'hui "mémoire". Entendons-nous bien : je ne milite pas contre le devoir de mémoire et pour le droit à l'oubli. La civilisation de l'Europe a été frappée à mort par les armes d'un des peuples les plus civilisés d'Europe. 
"Nous ne sommes pas sortis de ce malheur", comme l'a dit François Furet. L'histoire, cependant, ne prévoit pas de session de rattrapage. 

Nous avons des démons, c'est vrai. Mais nous avons aussi des ennemis, alors qu'au sortir de la Seconde Guerre mondiale nous avions décidé de ne pas en avoir. Si nous nous laissons accaparer par nos démons au détriment de l'attention qu'il faut porter à l'ennemi, nous courons à la catastrophe. Notre temps ne ressemble à aucun autre, il faut l'admettre. 

Qui est cet ennemi? Contre qui sommes-nous en guerre? 
Il faut toujours se souvenir de ce propos de Julien Freund: "Ce n'est pas nous qui désignons l'ennemi, c'est lui qui nous désigne. Et s'il veut que nous soyons son ennemi, nous aurons beau lui faire les plus belles protestations d'amitié, nous le serons. Et il nous empêchera même de cultiver notre jardin." L'islamisme radical a déclaré la guerre aux "juifs et aux croisés". Il faut en prendre acte. Cela signifie peut-être que le multiculturalisme, dans lequel nous avons cru, est une illusion. Nous nous attendions, avec la diversité, à l'idylle ; or nous sommes entrés dans un climat de plus en plus dur, dans la confrontation. 

Pourquoi? 
L'intégration est en crise. La France a abandonné le concept d'assimilation, jugé trop unilatéral, elle lui a préféré le paradigme plus ouvert de l'intégration, mais celle-ci ne fonctionne plus, au point même que certains lui substituent l'idée de société inclusive. Comme si c'était en ne demandant plus rien à nos hôtes que nous réussirions à établir avec eux un modus vivendi et que le "vivre ensemble" retrouverait son harmonie perdue. Ces replis successifs témoignent de l'extrême difficulté de faire cohabiter, à l'intérieur d'une même communauté, des peuples qui ne partagent pas les mêmes principes, ni les mêmes traditions, ni le même idéal. 

Dans votre livre, vous écrivez que le djihad a dressé un mur entre le monde arabo-musulman et le nôtre. Ce mur traverse-t-il aussi la société française? 

On ne peut tout de même pas oublier le 11 janvier. Des dessinateurs, des journalistes ont été assassinés parce qu'ils avaient offensé le prophète de l'islam; et des juifs l'ont été parce qu'ils étaient juifs. Le peuple est descendu dans la rue pour dire que la liberté d'expression, l'humour, la satire étaient constitutifs de l'identité nationale et que c'était à prendre ou à laisser. Le slogan "Je suis Charlie" a alors émergé.  

Mais, très vite, un deuxième choc s'est produit. On a constaté que tout le monde n'était pas Charlie. Les habitants des quartiers "populaires" sont restés chez eux. Parce que, selon eux, ces dessinateurs étaient allés trop loin. Un clivage est apparu dans la société française et je ne crois pas que les choses vont aller en s'arrangeant. J'ai peur que se développe en France une espèce de sécessionnisme culturel et territorial. Quand on dit "quartiers populaires" aujourd'hui, on entend quartiers vidés du peuple "old school", pour reprendre l'expression récente de Michel Onfray. Est-ce à dire qu'il y aurait désormais deux peuples en France et qu'on ne peut plus les réconcilier? 




"Ce n'est pas nous qui désignons l'ennemi, c'est lui qui nous désigne." Exécution par Daech de 30 Ethiopiens, en avril dernier.

"Ce n'est pas nous qui désignons l'ennemi, c'est lui qui nous désigne." Exécution par Daech de 30 Ethiopiens, en avril dernier.
AFP PHOTO/AL-FURQAN MEDIA

N'y a-t-il pas une grande responsabilité politique dans cet état de conflictualité? 
Devant la révolution démographique que nous connaissons, il aurait fallu réaffirmer clairement les lois de l'hospitalité. Il aurait fallu dire haut et fort que certaines traditions, valeurs et coutumes n'étaient pas négociables, plutôt que de rechercher sans cesse des accommodements de moins en moins raisonnables. On aurait dû, surtout, mener, une politique scolaire digne de ce nom. C'est à l'école que la France se présente à tous les enfants, qui sont, comme l'a écrit Hannah Arendt, non seulement des êtres inachevés, mais aussi des nouveaux venus sur la terre.  

Or la droite et la gauche ont abandonné toute véritable ambition éducative. Au lieu de cultiver les élèves, c'est-à-dire de les introduire dans un monde plus vieux qu'eux, on s'efforce de les désennuyer, on les incite à construire eux-mêmes leur propre savoir, on abdique peu à peu toute autorité. L'école ne joue plus son rôle. Enfant d'immigré, j'ai eu la chance de pouvoir assimiler une partie de la culture française; cette chance est refusée aux enfants des nouvelles générations. 

La dernière réforme du collège enfonce le clou dans le cercueil en réduisant encore la part des disciplines au profit d'enseignements interdisciplinaires qui ne font qu'introduire dans les têtes, à la place de la culture, la nouvelle religion civile faite de tri sélectif et de lutte contre les discriminations. C'est comme si la France, devenue société postnationale, postlittéraire et postculturelle, prenait peu à peu congé d'elle-même. 

La gauche et la droite sont-elles toutes deux coupables? 
Oui. La gauche, parce qu'elle a sombré dans l'égalitarisme. La droite, parce qu'elle en est venue à concevoir l'enseignement comme une adaptation aux exigences de l'économie. 

Comment réagissez-vous devant le drame de ces centaines de milliers de migrants, privés de tous les droits dans leur pays, qui accostent sur les rives de l'Europe au péril de leur vie? 

Devant ce mouvement de population, nous sommes tous frappés de stupeur. Malheureusement, dès qu'on essaie d'y réfléchir, on est voué à l'opprobre. La photo du corps du petit Aylan n'était pas seulement une image; c'était un appel à notre humanité. Ce n'est pas une photo qui se regardait, c'est une photo qui nous regardait. Cet appel, certains ont voulu l'entendre comme une mise en accusation de l'Europe. Les éditorialistes, érigés en directeurs de conscience, ont fustigé la léthargie, l'indifférence, l'égoïsme des sociétés et des Etats du Vieux Continent. Ce procès est injuste.  

Si on assiste à un tel déferlement migratoire vers l'Europe, c'est parce que celle-ci est accueillante, à la différence de l'Amérique - qui se protège pour des raisons de sécurité - et des Etats du Golfe - qui sont des forteresses. Imbu jusqu'à l'ivresse de sa générosité abstraite, le nouveau pouvoir spirituel n'accorde plus de place dans la morale à la morale de responsabilité, c'est-à-dire au souci des conséquences. Contrairement à ce que réclame Marine Le Pen, il faut coûte que coûte maintenir vivant le droit d'asile. Mais il faut savoir aussi qu'avec la nouvelle immigration la proportion des "Je suis Charlie" ira diminuant, en France comme dans le reste de l'Europe. Les services de renseignement allemands avertissent déjà que le prosélytisme islamiste est très actif parmi les réfugiés qui se pressent au pays de maman Merkel. 




"Si l'on assiste à un tel déferlement migratoire vers l'Europe, c'est parce que celle-ci est accueillante." A la frontière franco-italienne, le 30 septembre.

"Si l'on assiste à un tel déferlement migratoire vers l'Europe, c'est parce que celle-ci est accueillante." A la frontière franco-italienne, le 30 septembre.
REUTERS/Eric Gaillard

La cause de ce déferlement se trouve dans la violence extrême dont souffrent les populations musulmanes... 

Violence ostentatoire, qui plus est. Avec Daech, c'est comme si les nazis avaient érigé les chambres à gaz en argu ment de propagande. Daech attire, non tant parce qu'il ressusciterait l'idéal médiéval du califat, mais parce qu'il coupe les têtes des chrétiens, des yézidis, des homosexuels... Ses films publicitaires ne montrent que des massacres. 

Daech recrute ainsi en Tunisie, dans tout le monde musulman, en Europe, jusque parmi des convertis normands. Je suis incapable d'expliquer ce phénomène. En Syrie, la situation est d'autant plus effroyable que deux barbaries se font face. J'entends, ici ou là, qu'il faudrait, pour vaincre Daech, envoyer des troupes au sol. Je n'ai pas d'avis autorisé à ce sujet, mais il serait assez incompréhensible que les Syriens fuient leur pays du fait de la guerre et que l'Europe doive à la fois les accueillir et faire la guerre à leur place.  

Il faut une conférence internationale, et pas seulement européenne, pour définir des conditions d'accueil, mais aussi pour se demander comment mettre fin à ce que Jean-Luc Mélenchon lui-même qualifie de "véritable hémorragie". On ne peut pas consentir à ce que l'Erythrée se vide de ses habitants, à ce que les trafiquants d'êtres humains - que la photo du petit Aylan a dû mettre en joie - fassent des fortunes sur le dos de pauvres gens, on ne peut pas laisser la situation se dégrader comme c'est le cas à l'heure actuelle. Cela ne peut pas être résolu en jouant sur le masochisme moralisateur des Européens. 

Les populations d'Europe centrale, ou du Danemark, sont plus rétives encore. Avec le communisme, les pays d'Europe centrale ont subi la loi d'un Etat étranger, en l'occurrence l'Union soviétique. Après la chute du Mur de Berlin, ils ont retrouvé leur souveraineté; ils ne peuvent pas consentir que celle-ci soit maintenant abandonnée au profit d'une nouvelle instance bureaucratique, l'Union européenne. Si on ne peut pas décider de l'admission des migrants, on cesse d'être souverain.  

La France, elle, est une nation à cran. Marseille est devenue la capitale de l'hyperviolence, des villes comme Mulhouse, Roubaix, Tourcoing, Albi, Carpentras deviennent méconnaissables. On y trouve de plus en plus de rues où les femmes voilées sont majoritaires. Les Français ne voient pas cette mutation d'un bon oeil, ils ne comprennent pas pourquoi on qualifie de raciste leur réaction. Ils se disent que si l'intégration est en panne, l'actuel déferlement migratoire ne pourra qu'aggraver les tensions. C'est tout. Ce n'est pas, comme le voudraient certains, la xénophobie qui parle, c'est le sens commun.  




"Si on ne peut pas décider de l'admission des migrants, on cesse d'être souverain. La France, elle, est une nation à cran." Manifestation contre l'immigration illégale, le 4 octobre, à Calais.

"Si on ne peut pas décider de l'admission des migrants, on cesse d'être souverain. La France, elle, est une nation à cran." Manifestation contre l'immigration illégale, le 4 octobre, à Calais.
REUTERS/Pascal Rossignol

Une force politique exploite ce sens commun à des fins tout autres... 
Nous assistons à la naissance d'une coalition entre la gauche morale et le grand patronat. Pour les patrons, français ou allemands, les hommes sont inter changeables, on souhaite donc la bienvenue à ces nouveaux arrivants qui exerceront une heureuse pression à la baisse sur les salaires. La gauche morale préconise quant à elle l'hospitalité inconditionnelle. Edwy Plenel fait cause commune avec Pierre Gattaz : c'est comique. Face à cette alliance de la calculette et du violon, Marine Le Pen a raison de dire que l'immigration aujourd'hui est un problème en France, pas une chance. Mais ce qu'elle oppose à l'étalage des bons sentiments, ce n'est pas le sérieux de la morale politique, c'est l'inhumanité pure et simple. Elle n'a aucun problème à renvoyer tous les persécutés chez eux. Chacun balaie devant sa porte: cette "philosophie de concierge", comme disait Joseph Roth, ne doit en aucun cas être la nôtre. 

La gauche a-t-elle perdu son hégémonie culturelle? 
Ce que pensent les gens de gauche, qu'ils soient rouges, roses ou verts, c'est que l'inégalité est la source de tous les maux qui rongent le genre humain. Pour eux, il n'est pas de conflit qui ne se résume à l'antagonisme entre les possédants et les dépossédés. Si la gauche a perdu la partie, c'est parce que le choc des cultures n'est pas soluble dans la question sociale. Les penseurs de gauche préfèrent se crever les yeux plutôt que de penser à nouveaux frais. 

Comment percevez-vous la centralité qu'a fini par occuper le Front national dans le paysage politique français? 
Je défends la France en tant que composante essentielle de la civilisation européenne, je ne me reconnais donc pas du tout dans les imprécations du souverainisme. Le Front national doit être jugé sur son programme actuel. Il ne menace pas la démocratie, mais il est dangereusement poutinolâtre. Il n'est plus antisémite, il n'est pas engagé dans une croisade contre les musulmans. En même temps, il présente l'immigration comme un tout, il refuse de faire les distinctions qui sont au fondement de l'humanisme, et c'est à ce titre qu'il doit être combattu. 

Vous êtes de plus en plus souvent classé à droite par vos détracteurs. Que répondez-vous? 
On ne me classe pas seulement à droite, on fait de moi un raciste et on m'inscrit périodiquement sur les listes noires des "néofachos", alors même que je soutiens, contre tous les amalgames, le travail critique que mènent courageusement des intellectuels musulmans comme Abdennour Bidar, Boualem Sansal, Kamel Daoud. Face à cette violence verbale, je dispose heureusement de la maxime popularisée par Jacques Chirac, qui ne fut pas un grand président, mais un maître zen: "Ça m'en touche une, sans faire bouger l'autre."

Fuente L'express 

Consultar tambien en mi Blog: Polis vs Caos



Traducción personal.

En su último libro, La Exactitud, Alain Finkielkraut traza un camino reflexivo a través de los grandes debates que dividen el país. ¿A la derecha? Él se defiende.  Al explicar por qué la izquierda ha perdido su hegemonía cultural.

En su libro, La Exactitud (Stock), título tomado de Péguy, Ud. intenta abrir los ojos de sus contemporáneos mediante la difusión de muchas controversias. En particular, con respecto al tema recurrente de la "islamofobia". ¿Dónde está la precisión?

Hay una frase de Paul Valéry sobre la que medito incesantemente. "Cuando un hombre o asamblea, frente a circunstancias urgentes o embarazosas, encuentra restricciones para actuar, ya que sus deliberaciones consideran mucho menos el mismo estado real de la situación, que nunca se había presentado hasta ahora, y más bien consulta recuerdos imaginarios”. Esta disposición espontánea de la mente hoy en día se ve agravada por el trauma de la Segunda Guerra Mundial. Hitler nos persigue y nos anima a recordar en primer lugar, en vez de responder por la originalidad de la situación actual.

A pesar de que el antisemitismo se convirtió en un código cultural en lo que se llama, por desgracia con razón "los territorios perdidos de la República", periodistas como Edwy Plenel, como sociólogos Luc Boltanski, historiadores como Enzo Traverso o Pierre Rosanvallon observan la presencia de los temas tradicionalistas y la retórica xenófoba de la Acción Francesa o el nacionalismo Barres. Y se preocupan por el cambio en contra de los musulmanes, de la hostilidad que fue dirigida principalmente contra los judíos y el judaísmo en la primera mitad del siglo XX.

Se refiere a la dolorosa historia de los judíos de ocultar simplemente la nueva judeofobia. El antisemitismo europeo se está debilitando tanto como el antisemitismo islámico se fortalece. La inexactitud en la que estamos inmersos se vuelve intolerable; debemos hacer con urgencia este presente, presente para nosotros mismos.
……………..

Les années trente, dit-on, sont de retour. La droite intégriste et factieuse occupe la rue, l’ordre moral sort des catacombes, la crise économique pousse à la recherche d’un bouc émissaire et l’islamophobie prend le relais de l’antisémitisme. Cette analogie historique prétend nous éclairer : elle nous aveugle. Voulant lire ce qui arrive à la lumière de ce qui est arrivé, elle en occulte la nouveauté inquiétante.

Montrer que nous vivons un tournant historique, paradoxalement masqué par la référence incessante à l’Histoire; appréhender ce moment crucial dans ce qu’il a d’irréductible au répertoire de nos vicissitudes : tel est le pari de ce livre. Et l’enjeu est existentiel autant qu’intellectuel. Si, comme l’écrit François Mauriac, « l’épreuve ne tourne jamais vers nous le visage que nous attendions », il nous incombe d’être à l’heure au rendezvous et de regarder en face le visage que nous n’attendions pas.Dans une époque qui tend à se prendre pour une autre, l’exactitude devient la tâche prioritaire de la pensée.

A. F.

No hay comentarios:

Publicar un comentario

PAÍSES BÁLTICOS: CAYETANO ACUÑA VIGIL. 03 11 24 PCAV

 PAÍSES BALTICOS: More than 25 years after the re-establishment of independent Baltic States, Latvia, Lithuania, and Estonia have built stab...