La Médiocratie : Alain Deneault
"Rangez ces ouvrages compliqués, les livres comptables feront l'affaire. Ne soyez ni fier, ni spirituel, ni même à l'aise, vous risqueriez de paraître arrogant. Atténuez vos passions, elles font peur. Surtout, aucune "bonne idée", la déchiqueteuse en est pleine. Ce regard perçant qui inquiète, dilatez-le, et décontractez vos lèvres - il faut penser mou et le montrer, parler de son moi en le réduisant à peu de chose : on doit pouvoir vous caser. Les temps ont changé. II n'y a eu aucune prise de la Bastille, rien de comparable à l'incendie du Reichstag, et l'Aurore n'a encore tiré aucun coup de feu. Pourtant, l'assaut a bel et bien été lancé et couronné de succès : les médiocres ont pris le pouvoir. "
Alain Deneault, docteur en philosophie de l’Université Paris-VIII, est notamment l’auteur de Noir Canada (Écosociété 2008), Offshore (Écosociété / La Fabrique 2010), Paradis sous terre (Écosociété / Rue de l’Échiquier 2012), « Gouvernance » (Lux 2013) et Paradis fiscaux. La filière canadienne (Écosociété 2014). Il est aussi chroniqueur à la revue Liberté.
Parution en Europe: 20 octobre 2015
Ces «médiocres» qui mènent le monde
13 octobre 2015 |Isabelle Paré | Actualités en société
Le Devoir :
Alain Deneault savait qu’il serait taxé d’élitisme, d’intellectualisme en commettant son brûlot. Société
La médiocratie: Alain Deneault: Lux éditeur: Montréal, 2015, 218 pages
Connu pour ses batailles contre l’industrie minière et les paradis fiscaux, l’auteur et philosophe Alain Deneault remonte au front. Cette fois, pour dénoncer le sommeil de la pensée critique et la médiocrité hissée au rang de norme sociale, dans de nombreux cercles de pouvoir.
«Il faut penser mou et le montrer. L’assaut a bel et bien été lancé, les médiocres ont pris le pouvoir », clame dès la première page La médiocratie, le dernier coup de fronde de l’auteur polémiste.
À n’en pas douter, Alain Deneault a le sens de la formule et bien plus. L’auteur des brûlots Noir Canada et Paradis fiscaux récidive dans ce nouveau pavé contre ce qu’il considère être le nouveau poison social. L’omniprésence d’un nouvel ordre invisible, qui privilégie la norme, le terne milieu, le consensus à tout prix au détriment d’idées lumineuses, dérangeantes.
Conocido por sus batallas contra la minería y los paraísos fiscales, el autor y filósofo Alain Deneault sale al frente. Esta vez, para denunciar el sueño del pensamiento crítico y la mediocridad elevada al rango de norma social en muchos círculos de poder.
“Hay que pensar blando y mostrarlo. El asalto de hecho se ha puesto en marcha, los mediocres se hacen cargo del poder" proclama desde la primera página de La Mediocracia, el último tiro del polemista autor.
Sin lugar a dudas, Alain Deneault tiene el significado de la fórmula y más. El autor de Canadá Negro y Paraísos fiscales reinciden nuevamente contra lo que considera los nuevos venenos sociales. La omnipresencia de un nuevo orden oscuro, lo que favorece la norma, los medios sordos, el consenso a cualquier precio en detrimento de y a expensas de ideas brillantes, e inquietantes.
Conocido por sus batallas contra la minería y los paraísos fiscales, el autor y filósofo Alain Deneault sale al frente. Esta vez, para denunciar el sueño del pensamiento crítico y la mediocridad elevada al rango de norma social en muchos círculos de poder.
“Hay que pensar blando y mostrarlo. El asalto de hecho se ha puesto en marcha, los mediocres se hacen cargo del poder" proclama desde la primera página de La Mediocracia, el último tiro del polemista autor.
Sin lugar a dudas, Alain Deneault tiene el significado de la fórmula y más. El autor de Canadá Negro y Paraísos fiscales reinciden nuevamente contra lo que considera los nuevos venenos sociales. La omnipresencia de un nuevo orden oscuro, lo que favorece la norma, los medios sordos, el consenso a cualquier precio en detrimento de y a expensas de ideas brillantes, e inquietantes.
Des exemples ? Des politiciens qui éludent les enjeux controversés, des universitaires qui accouchent de recherches complaisantes pour plaire aux subventionnaires, des universités qui étouffent la pensée critique plutôt que d’encourager l’audace. Loin de ne contaminer que les hautes sphères du pouvoir, la médiocrité étend ses tentacules jusqu’au petit travailleur qui tait la collusion ou l’ineptie de ses supérieurs pour grimper dans l’échelle sociale.
« En ce moment, estime Deneault, nous nageons dans l’extrême centre, le tout gris, l’évidence réfléchie. La médiocratie, c’est le sommeil de la pensée critique », dit-il, prenant pour exemple les charabias édulcorés propres aux campagnes électorales.
Ce nouvel essai critique n’est pas né des enquêtes fouillées qui ont fait la marque de Deneault — et lui ont valu une poursuite-bâillon de l’industrie minière en 2008 —, mais d’un exercice de réflexion sur « cet enjeu colossal mais plus flou » qui afflige nos contemporains. « Les appareils du pouvoir, de par leurs stratégies, enjoignent aux acteurs sociaux de rester moyens. Ce qui me gêne, c’est que ça impose des limites aux gens, ça leur impose de ne pas exprimer un potentiel. La médiocrité non seulement a pris le pouvoir, mais empêche l’émergence de propositions fortes », insiste l’auteur.
Et qui sont donc ces médiocres qui nous dirigent ? Deneault pointe du doigt tous ces cercles qui permettent à de « parfaits incompétents » d’accéder au pouvoir, « s’ils jouent le jeu ». En cette ère post-commission Charbonneau, où le Québec a vu des dizaines de hauts placés, maîtres du mensonge et de la collusion, déculottés sur la place publique, l’ouvrage coup de poing vise bien plus que les seules classes politiques ou financières. Les avaries causées par cette culture de la médiocrité sont partout, déplore-t-il, y compris chez ceux qui devraient être les gardiens de la pensée.
Les universités dans la mire
« Dans les universités, il y a une prime à la médiocrité quand on encourage la production d’articles non signifiants, l’autocensure, la complaisance au détriment d’idées originales. Je ne dis pas que tous les universitaires sont médiocres, mais il y a un incitatif sérieux à faire de “petites” choses pour obtenir des subventions, des avancements, en utilisant des mots vides, sans impact social », critique Deneault. Et vlan.
Les auteurs de thèses qui dérangent, croit-il, ont tôt fait de voir leurs fonds se tarir si leurs conclusions égratignent quelques industries. À l’inverse, décrie l’auteur chargé de cours à l’Université de Montréal, l’obsolescence programmée, la colonisation de l’esprit par la publicité font partie des champs de recherche hautement subventionnés dans les institutions du savoir.
La victoire du moyen
Cette pensée « moyenne » va jusqu’à teinter le langage savant, au point que des ouvrages ne parlent plus de « révoltes politiques », mais de « résilience », et que des penseurs génèrent des termes insipides comme « la gouvernance », la « militance » ou la « survivance ». « La glose universitaire est pourrie », martèle l’ouvrage polémique.
Toute la société est mise en cause dans ce plaidoyer contre les « moyennement compétents ». Même le milieu culturel n’échappe pas à la salve quand Deneault décrie la main tendue à Pierre Karl Péladeau par ces « 101 artistes [qui] appuient publiquement l’arrivée en politique d’un bailleur de fonds de leur production, un magnat de la presse par ailleurs, fossoyeur de culture si l’on en juge par le mauvais goût dont ses journaux font preuve ». Les artistes, eux aussi, jouent le jeu et participent tristement « à un cirque d’un genre nouveau ».
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« Dans mes livres précédents, je visais des sphères puissantes. Là, j’aborde quelque chose de sournois qui touche même ceux qui ont abdiqué, non pas par choix, mais parce qu’ils y sont constamment poussés. La médiocratie s’approche de la corruption quand elle amène des gens à faire le contraire de ce qu’ils devraient. Les pharmaceutiques qui font des médicaments qui rendent les gens malades ou les économistes qui n’ont aucun sens critique face à la haute finance, à mon avis, c’est pire que d’accepter une bouteille de vin », avance Deneault.
En ce sens, l’époque manque cruellement de Claude Robinson, semble nous dire l’intellectuel de gauche. Est-ce pire qu’avant ? L’histoire a toujours connu son lot de médiocres, de traficoteux en quête de pouvoir, mais les dernières décennies, envahies par la pensée « managériale », ont « institutionnalisé » la médiocrité, croit Deneault.
« Révolutionnaire non romantique »,
Alain Deneault savait qu’il serait taxé d’élitisme, d’intellectualisme en commettant son brûlot. C’est plutôt par réalisme, et non pas par moralisme, qu’il affirme lancer ce cri du cœur. « Dans les années 70, les idéalistes pensaient ainsi. Aujourd’hui, nous n’avons juste pas le choix, conclut-il. Quand 1 % des plus nantis sont sur le point de disposer de la majorité des richesses mondiales, que 80 % des écosystèmes sont menacés, nous n’avons pas le luxe de rester médiocres. Le bien commun, la chose commune sont exclus du discours médiocre. On ne peut réduire nos vies à ce genre de petites combines. Notre époque mérite mieux. »
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/452363/ces-mediocres-qui-menent-le-monde
Deneault nació en Outaouais, Quebec. Tiene un doctorado de investigación del Centro Marc Bloch, Berlín, y un doctorado en filosofía de la Universidad Paris, bajo la supervisión de Jacques Rancière . Sus estudios se centraron en la filosofía de Alemania del siglo XIX y del siglo XX Francia, particularmente la obra de Georg Simmel. Él vive en Montreal, donde él es un instructor en sociología en la Universidad de Quebec, afiliado con el departamento de ciencias políticas .
Ha escrito varios libros sobre temas relacionados con las finanzas internacionales , la globalización , las empresas transnacionales , y los paraísos fiscales de las empresas. En 1999 , Deneault fue orador en la globalización en la Ronda del Milenio de la Conferencia Mundial de la Organización de Comercio en Seattle. El libro Noir Canada: pillaje , la corrupción y criminalidad , escrito por Deneault , Delphine Abadie y William Sacher , publicado en 2008 por Les Éditions Écosociété Inc., se refiere a las actividades de las empresas mineras canadienses en África.
Demandas
Tras la publicación de Noir Canada , la empresa minera Barrick Gold envió Écosociété una carta amenazante sobre supuestas inexactitudes en la descripción que hace el libro de los desalojos en la mina de oro de Mina Bulyanhulu en Tanzania en 1996]]).
El lanzamiento del libro fue aplazado como consecuencia , pero el editor se las arregló para distribuir 1.700 copias. Barrick presentó una demanda de $ 6 millones en contra de los autores y el editor por difamación.
El lanzamiento del libro fue aplazado como consecuencia , pero el editor se las arregló para distribuir 1.700 copias. Barrick presentó una demanda de $ 6 millones en contra de los autores y el editor por difamación.
La demanda ha sido considerada por algunos como una demanda estratégica contra la participación pública (SLAPP) . El 12 de agosto de 2011, el Tribunal Superior de Quebec dictaminó que "Barrick parece estar tratando de intimidar a los autores " , que la demanda era "aparentemente abusiva", y que Barrick debe pagar los autores y el editor 143.000 dólares para preparar su defensa.
El 18 de octubre de 2011 Barrick , los autores y el editor llegaron a un acuerdo fuera de la corte que incluía un pago a Barrick y cesar la publicación del libro. Deneault dijo a la prensa que los autores habían estado de acuerdo con la liquidación para poner fin a las actuaciones judiciales , para que pudieran " volver a tener nuestras discusiones de nuevo en la esfera pública , en lugar de la sala del tribunal " .
El 18 de octubre de 2011 Barrick , los autores y el editor llegaron a un acuerdo fuera de la corte que incluía un pago a Barrick y cesar la publicación del libro. Deneault dijo a la prensa que los autores habían estado de acuerdo con la liquidación para poner fin a las actuaciones judiciales , para que pudieran " volver a tener nuestras discusiones de nuevo en la esfera pública , en lugar de la sala del tribunal " .
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